La pandémie Covid19 impacte de façon très significative l’économie mondiale. La France n’échappe pas à cette crise qui agit comme un révélateur d’insécurité alimentaire. Plus de 7 millions de personnes ont eu recours à l’aide alimentaire en 2020 (Brunner et Maurin 2021) et 9.3 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire (Demaison et al, 2020). Les diagnostics territoriaux, comme ceux réalisés dans la ville de Troyes (ANRU 2016), prouvent que ces difficultés sont majoritaires dans les quartiers où les revenus sont les plus faibles. Afin de pallier à ces situations, les collectivités n’ont pas d’autre choix que d’aborder la transition des territoires urbains de façon systémique. Un quartier est un écosystème complexe possédant un bassin de vie unique dont la dynamique dépend de son histoire et de son patrimoine. Sur les bases de ce postulat, nous proposons d’utiliser les principes de l’écologie industrielle et territoriale (Brullot et al, 2017) pour la mise en œuvre d’un concept expérimental de redynamisation urbaine. Le concept repose sur un processus de réappropriation du territoire autour de valeurs environnementales, agricoles et culturelles. Le processus est techniquement supporté par une micro-ferme urbaine permaculturelle et citoyenne. La micro-ferme est constituée de deux entités travaillant en symbiose, l’une étant une ferme agricole en permaculture et l’autre une pépinière de talent. La micro-ferme est visualisée comme un éco-organisme dont les cycles de vie agricole et social reposent sur des processus mutualisés de fertilisation, ensemencement, pouponnage, plantation, tutorat, récolte, célébration et transmission. Nous émettons l’hypothèse que le caractère inclusive, autonome, modulaire, interdisciplinaire et démocratique de la micro-ferme agit comme un moteur de transition et de résilience du territoire urbain.