Qu’entendons-nous par “littérature numérique” ? En quoi le concept de littérature numérique se distingue de la littérature électronique et que peut-il apporter à la réflexion sur le fait littéraire contemporain ? Notre article prend appui sur deux cas d’étude emblématiques de la plateformisation des pratiques littéraires dans l’environnement numérique : la twittérature et la gittérature. En considérant le fait numérique comme un fait avant davantage culturel que technique, nous soutenons que cette plateformisation de la littérature ne doit pas être comprise comme un abandon du savoir-faire informatique qui caractérisait la première et la seconde génération de la littérature électronique, ni comme un renoncement esthétique propre à une troisième génération, mais plutôt comme un déplacement de la littérarité qui assoit alors pleinement la littérature numérique comme concept à part entière. De fait, ces néologismes révèlent en premier lieu le tournant médiatique des écritures littéraires numériques. Ce tournant qui s’inscrit lui-même dans le paradigme contemporain tel qu’il est entendu dans le champ des arts visuels nous invite à revisiter ces pratiques à l’aune du cadre conceptuel de l’intermédialité afin de mieux cerner les conditions générales de leur production, de leur diffusion et de leur légitimation. Nous montrons que cette approche intermédiale ouvre la voie à une nouvelle compréhension de la littérature numérique et de sa littérarité.